"Cités éducatives" Castex en campagne à Vénissieux
Visite vendredi 12 de Jean Castex et sa suite (le préfet en grande cape, le gouverneur militaire en grand cordon, une secrétaire d’État très secondaire, etc.) au lycée Jacques Brel, aux Minguettes à Vénissieux. Les personnels ont été informés au dernier moment, le 11 novembre.
Pour quel objectif ? Mettre en valeur les "cités éducatives", et cacher derrière des beaux discours et une opération de com’ la triste réalité de l’Enseignement public. Les "cités éducatives", avec les "Contrats Locaux d’Accompagnement", participent au démantèlement de l’éducation prioritaire (le gouvernement a annoncé la fin des REP envisagée pour la rentrée 2022 !) à travers cette contractualisation des moyens et cette mise en concurrence des territoires.
Le jour était bien choisi : après un jour férié poussant aux week-ends de trois jours, et alors même que vingt profs étaient en formation interne, et donc les classes absentes... Dispositif policier délirant et AG d’urgence en salle des profs.
Ci-dessous et en PJ, le communiqué de presse décidé par nos collègues.
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Castex et compagnie : à quand une éducation réellement prioritaire ?
Aujourd’hui, vendredi 12 novembre, le Premier ministre Jean Castex nous fait l’honneur de venir visiter le lycée polyvalent Jacques Brel de Vénissieux. Il était accompagné d’une secrétaire d’État, Mme Élimas et d’élu-e-s de Vénissieux et de la métropole de Lyon. Leur venue, annoncée hier seulement (un jour férié !) aux équipes du lycée, sera-t-elle l’occasion de tourner enfin la page du mépris affiché de ce gouvernement ?
Nous n’avons aucun espoir et ne nous berçons d’aucune illusion.
Aujourd’hui, comme depuis le début du quinquennat, les questions d’éducation sont reléguées aux effets de manche d’un gouvernement spécialisé dans la communication et responsable de l’aggravation des inégalités sociales.
Aujourd’hui, nous avons assisté, écœuré-e-s, à une opération de pure communication : pour une visite et une audience de quelques minutes à peine avec M. Castex, nous avons subi des pressions des services de sécurité et de notre direction : pas de banderole, pas d’expressions visuelles ou sonores de nos revendications. Nos collègues d’établissement voisins n’ont pas pu approcher du lycée. Cette opération purement électoraliste, mobilisant des moyens de sécurité considérables, est un nouvel exemple de la poudre aux yeux jetée en permanence par ce gouvernement.
Depuis 2017, nous nous battons pour obtenir un statut d’éducation prioritaire pour le lycée, ici à Vénissieux, mais aussi ailleurs en France où la jeunesse des quartiers populaires est sans cesse ignorée, humiliée et stigmatisée.
Depuis 2017, nous nous battons pour obtenir des moyens humains (des embauches à des conditions correctes) pour faire fonctionner un service public alors que ce gouvernement met en concurrence les établissements avec le bac Blanquer et son dernier avatar, le Plan Local d’Évaluation. Nous nous battons pour faire réussir nos élèves, alors que la machine Parcours Sup broie leurs espoirs et, là encore, les met en concurrence les un-es avec les autres.
Nous nous battons pour faire notre métier et faire progresser nos élèves, alors que les conditions de travail ne cessent de se dégrader pour les enseignant-e-s, les personnels de vie scolaire et de l’accompagnement social et médical (gel du point d’indice, suppression du statut d’assistant pédagogique -les réduisant à de simples missions de surveillance, augmentation des missions administratives, augmentation des heures supplémentaires imposées...). Et que dire des AESH, petites mains sous-payées et méprisées de l’école soit-disant inclusive, qui gagnent en moyenne 800 euros par mois pour être le plus souvent dispatché-e-s sur plusieurs établissements depuis la création des fameux « PIAL » ?
Nous nous battons contre des ministres qui ne pensent qu’à faire le buzz en instrumentalisant la notion de « laïcité », quitte à relayer les discours de l’extrême-droite, qui méprisent ouvertement les enseignant-e-s, accusé-e-s de « wokisme » ou d’islamogauchisme.
Quel est ce gouvernement qui n’a à offrir à la jeunesse qu’un engagement sous-payé (service civique) ou un encasernement incompatible avec le développement de l’esprit critique (SNU) ? Car derrière l’opération de communication d’aujourd’hui, où sont les moyens ?
Nous réclamons depuis trop longtemps déjà :
- un véritable statut d’éducation prioritaire pour le lycée Jacques Brel, comme pour tous les établissements des quartiers populaires, avec des effectifs réduits de la Seconde à la Terminale, des dédoublements dans toutes les matières pour favoriser l’apprentissage et l’expression des élèves, le renforcement des moyens de vie scolaire par des embauches et des formations, la création d’un statut protecteur pour les « assistant-e-s pédagogiques »,
- des moyens pérennes et substantiels pour accompagner les élèves allophones,
- l’abrogation des PIAL avec des embauches et des formations pour les AESH,
- l’abrogation du bac Blanquer et le retour à des épreuves nationales, terminales et anonymes pour que le bac reste un examen national,
- l’abrogation de la réforme de la voie professionnelle,
- une réforme en profondeur de Parcours Sup, sa transparence totale ainsi que l’ouverture de places dans l’enseignement supérieur,
- l’abrogation du SNU : les valeurs de la République ne s’apprennent pas dans des structures paramilitaires, mais se construisent avec la jeunesse dans le dialogue, grâce à la formation, l’apprentissage et pas avec des levers de drapeaux et des uniformes.
Communiqué AG du lycée Jacques Brel, Vénissieurx, 12 novembre 2021