Retraites et mesures Pap Ndiaye contre l’école : Interventions Émancipation à la CA Académique du SNES de Lyon

La CA Académique du SNES de Lyon s’est tenue le 27 janvier 2023 (à la veille d’une 2e journée d’action contre la réforme des retraites à l’appel de l’intersyndicale et une semaine avant le début des congés (du 4 au 19 février dans notre académie).

Le texte « action » présenté par la direction U&A se composait d’une liste de sujets sans unité (élections, rentrée, lycée harcèlement, collège, emploi) donnant comme seule perspective de « peser au local pour que des actions intermédiaires prennent corps entre les temps forts » et pour « maintenir la mobilisation des collègues également pendant la période des congés ».

Les interventions d’Émancipation ont essentiellement porté sur la réforme des retraites et sur les mesures du gouvernement concernant l’école (la technologie, le « pacte », « l’école du futur » de Macron)

Projet de loi Macron-Borne sur les retraites

Interventions d’Émancipation :

La mobilisation massive du 19 janvier contre le projet de loi de Macron sur les retraites a imposé l’exigence du retrait de la réforme. Ce projet n’est ni négociable, ni amendable.

Or, E. Borne propose aux syndicats de « se parler pour enrichir le projet » avec la poursuite de concertations.

Comment peut-on croire qu’il s’agirait par exemple, pour les fins de carrière, de rétablir la CPA ? Le gouvernement a clairement affirmé qu’il n’en était pas question.

Les organisations syndicales peuvent-elles alors, s’inscrire dans de nouvelles concertations telles que le propose le gouvernement ? Et que dire de Laurent Berger qui, promu dans les médias comme le chef de l’intersyndicale, déclare : « Pour nous, il est important qu’il n’y ait pas de mobilisations trop récurrentes » ?

Le projet de Macron sur les retraites vise à imposer une diminution du montant des pensions, à contraindre une masse de retraités pauvres à travailler jusqu’à l’épuisement. Dans la Fonction Publique d’État (FPE), le Code des pensions est ouvertement menacé : E Borne a indiqué que la liquidation du régime particulier de la RATP, des industrie gazières et électriques s’inscrit dans le cadre d’un processus qui conduit à la fin de tous les régimes spéciaux. Et déjà on voit fleurir des propositions pour en finir avec le code des pensions avec, par exemple, la création d’une caisse pour tous les nouveaux recrutés.

Chacun a compris que si Macron gagne sur les retraites, il sera bien plus difficile de résister face aux nouvelles offensives du gouvernement.

Le 19 janvier s’est exprimée la volonté d’infliger une défaite politique à Macron afin de mettre un coup d’arrêt à cette politique destructrice de tous nos acquis.

Le 31 janvier, la mobilisation sera vraisemblablement importante. Mais il y a beaucoup d’interrogations parmi les collègues. Partout, une question se pose : peut-on arracher le retrait du projet de loi Macron sur les retraites, peut-on stopper l’offensive par des « journées d’actions » « cadencées », par des mobilisations éparpillées ?

Macron entend utiliser les outils antidémocratiques de la Ve République (le 47.1, voire le 49 ter). Alors que durant des semaines, E. Borne s’est attachée à construire le ralliement des LR (Les Républicains), à convaincre la majorité présidentielle, l’importante mobilisation du 19 janvier a introduit des fractures dans les rangs de ces députés.

Macron veut aller vite. Il clame qu’il a, la légitimité des suffrages acquis lors des présidentielles du printemps dernier.

Le projet de loi sera présenté à l’Assemblée le 6 février où il sera discuté durant seulement 20 jours (jusqu’au 26) ; et tout devra être bouclé avant la fin mars.

La mobilisation du 19 janvier a montré l’importante de la volonté de combat des personnels de l’Enseignement. Or, à partir du 4 février, on entre dans la période d’un mois de congés scolaires décalés entre les 3 zones.

C’est donc dès aujourd’hui, qu’il faut unifier et renforcer la mobilisation d’ensemble.
Il faut pour cela une perspective : le 6 février s’ouvre la discussion à l’Assemblée. C’est l’occasion de réaliser le « tous ensemble », de centraliser la volonté de combattre contre le pouvoir, d’ouvrir la voie à la mobilisation dans l’unité pour gagner.

Tel est le sens des motions présentées par Émancipation.

Motion 1 Émancipation

Arracher le retrait du projet de loi Macron sur les "retraites"

Après la mobilisation massive du 19 janvier, la question qui se pose est celle de la mobilisation efficace pour imposer le retrait du projet Macron sur les retraites.
Le projet de loi va arriver le 6 février à l’Assemblée nationale. C’est l’occasion de réaliser le « tous ensemble », de centraliser l’action.

La CA académique du SNES de Lyon se prononce pour l’organisation dans l’unité, d’une manifestation nationale le 6 février, pour exiger le retrait du projet de loi Macron.

Cela permettrait de centraliser la volonté de combattre, d’ouvrir une perspective menant à la victoire (à la possibilité de la grève jusqu’au retrait).

La secrétaire académique a expliqué que la proposition de manifestation nationale pouvait être intéressante ; on part en vacances, il faut donc une perspective. Sur la technologie comme sur le reste, tout est en train de s’articuler en effet. Et elle a mis en débat la perspective d’organiser la manifestation nationale.

Des élus U&A (et EE) sont intervenus avec aussi beaucoup de contradictions : D’accord sur le principe. Mais il y a eu des précédents. Souvent une manifestation nationale a été le point d’orgue des mobilisations. Puis plus rien. Certains affirmant qu’il n’est pas possible d’organiser une telle manifestation pour finalement dire qu’il suffit d’amplifier le mouvement avec plus de monde.

U&A ont voté contre - l’EE s’est abstenu.

Pacte, école du futur et salaires

Intervention d’Émancipation : Dans l’Enseignement, ce sont de nouvelles mesures qui sont prises en vue de la destruction du cadre national de l’Enseignement public et des statuts des personnels.

Après la casse du bac et son remplacement par Parcoursup pour accéder à l’université, avec les conséquences pour les collègues de lycée qui croulent sous l’amoncellement des tâches, la mise en cause de leur métier, c’est le tour du collège.

Mais peut-on faire reculer la ministre sur la suppression de la techno en 6e, sans lier cette mesure au formatage des jeunes à l’entreprise dès la 5e, à la mise en cause du statut des professeurs d’écoles et des certifiés [1] via la polyvalence avec l’annonce d’interventions croisées, à la mise en place du Conseil des savoir fondamentaux [2], véritable carcan pour contraindre les collègues à mettre en œuvre « l’école du futur » de Macron ?

À l’évidence non, car tout cela fait partie du projet global de Macron de « refondation de l’école ».

Une première revendication s’impose : notre syndicat doit exiger le retrait de toutes ces mesures.

Quant à la question des salaires, le gouvernement maintient le blocage du point d’indice. Tout ce qu’il soumet à la négociation, ce sont des primes pour quelques-uns et l’accentuation de l’individualisation des rémunérations.

Pour combattre cette politique, il faut commencer par définir clairement les revendications et refuser de participer à ce « dialogue social » qui ne peut qu’apporter la caution du syndicat au gouvernement Macron alors que ce dernier est ouvertement combattu dans la rue.

Motion 2 Émancipation :

Combattre pour le retraite du "Pacte", contre l’école du futur et pour les salaires

La CA académique du SNES de Lyon :

  • Condamne fermement les annonces du ministère sur la technologie et les heures de remédiation en 6è, et le « pacte » : elle exige leur annulation immédiate.
  • Se prononce pour le retrait intégral des projets Macron-Ndiaye d’école du futur (Réforme des lycées professionnels, autonomie, projet de réforme du collège, « pacte »...).
  • Considère que le syndicat doit quitter toutes les discussions visant à les mettre en place, à commencer par celle sur la prétendue revalorisation et le « pacte », concertations qui, de plus ne peuvent que légitimer le gouvernement Macron au moment où il est ouvertement dénoncé par des millions de salariés, par la grève et dans la rue.

Attachée à la défense des statuts nationaux des personnels, la CA se prononce pour le rattrapage du pouvoir d’achat par l’augmentation du point d’indice ainsi que la hausse des bas salaires, la ré-indexation des pensions sur les salaires et le rattrapage du pouvoir d’achat perdu.

La CA Académique du SNES de Lyon s’adresse en ce sens à la direction nationale.

U&A a voté contre, l’EE : NPPV

Notes

[1« Le ministre souhaite que les PE interviennent en 6è. Il s’agit là d’un partage des compétences entre les uns et les autres autour des compétences clé. Les logiques de cycle sont appréciées. On peut imaginer des échanges de service notamment ». Édouard Geffray (DEGESCO)

[2Le Conseil académique des savoirs fondamentaux sera « présidé personnellement par le recteur ou la rectrice » : soit une « instance stratégique de pilotage pédagogique académique pour l’apprentissage des savoirs fondamentaux ». Ce conseil s’appuiera sur les « résultats aux évaluations à l’échelle académique et départementale », il examinera les « stratégies pédagogiques existantes en matière de renforcement des apprentissages fondamentaux » afin de déterminer les « stratégie académique [à mettre en place] en matière d’apprentissage des savoirs fondamentaux ». Le recteur déterminera « une feuille de route d’une durée de cinq ans pour l’apprentissage des savoirs fondamentaux ». Soit un véritable carcan pour contraindre les collègues à mettre en œuvre « l’école du futur » de Macron et une importante atteinte aux garanties statutaires.