Cdfn-FSU : Alternatives et services publics - "Construire le jour d’après" ?

CDFN de la FSU : commission "Services publics" 27 avril 2020

Deux points étaient à l’ordre du jour de la réunion de la commission Services public de la FSU (réunion préparatoire au Conseil délibératif fédéral national (CDFN) du 5 mai 2020 : Alternatives et services publics ; construire le jour d’après. Cette réunion s’est tenue en visio-conférence).

Alternatives et services publics

Deux nouveaux projets de loi sont en chantier :

Le "projet 3D" (pour la décentralisation, la différentiation et la déconcentration) [1] qui a pour ambition de transformer les relations entre l’État et les collectivités territoriales et le projet de loi de "simplification de l’action publique" (SAP) qui comporte une série d’allègement de normes (dont notamment, le statut des encadrants du Service national universel/SNU [2]).

Intervention d’Émancipation (Hélène Bertrand)

Macron a décidé la fin progressive du déconfinement à parti du 11 mai et il appelle à l’élaboration d’un "plan de déconfinement" avec les parlementaires, les collectivités et les partenaires sociaux"… Dans le même temps, il poursuit la politique de casse de l’hôpital public, de l’Enseignement public, de la sécurité sociale, de la Fonction publique…

Or, la situation de l’après crise, la défense des services publics (dont les piliers en France reposent sur la Fonction publique) se construit dès aujourd’hui en prenant les mesures nécessaires pour faire face à l’épidémie et à ses conséquences.

  • Faire face à l’épidémie exige de défendre aujourd’hui l’hôpital public et la sécurité sociale en exigeant notamment :

L’annulation immédiate de toute les mesures qui ont mis à mal les hôpitaux publics et le système de sécurité sociale ; la satisfaction de toutes les revendications portées par les personnels soignants depuis un an (financement massif des hôpitaux public, arrêt de suppressions de lits, réouverture de nombre de lits et de services, recrutement massif de personnels soignants statutaires. Cela implique l’augmentation significative des salaires, le déblocage du point d’indice, la défense du statut de fonctionnaire (cf. la position de l’intersyndicale de l’hôpital Edouard Herriot à Lyon [3] ).

Or, non seulement ces revendications ne sont pas satisfaites, mais à l’inverse, Macron annonce des primes à géométrie variable pour les personnels soignants et, faute de personnel, nombre de soignants infectés, malades, continuent à travailler, et comptent aujourd’hui les morts… Et alors que l’épidémie n’est pas maitrisée, à Paris, Martin Hirsh veut imposer au personnel de l’AP-HP malades du Covid de continuer à travailler afin d’assurer la prise en charge des malades suite au déconfinement !

  • Faire face à l’épidémie imposerait de donner les moyens de produire le matériel et les médicaments nécessaires : réquisition d’entreprises, nationalisation de certaines d’entre elles comme Luxfer, comme FAMAR à Lyon [4]. Or la politique de Macron organise la pénurie…

Les mots (Macron qualifie les soignants de "héros") et les applaudissements ne peuvent masquer le fait que Macron organise la mise à mort de l’hôpital public, ce qu’atteste la commande d’une étude auprès de la Caisse de Dépôts et Consignations (révélée dans un article de Médiapart [5]) : cette étude promeut notamment les partenariats publics privé). Tout cela va de pair avec la mise à mort de la sécurité sociale : l’explosion du déficit (41 Mds d’€) se conjugue à l’exonération massive des cotisations sociales patronales.

  • Faire face à l’épidémie exige de défendre aujourd’hui le statut des personnels :

La loi dite "d’urgence sanitaire" permet au gouvernement de procéder à d’importantes attaques contre les droits des salariés du privé et du public. C’est le cas de l’ordonnance qui impose la suppression de jours de congés dans la Fonction publique. De nouvelles ordonnances sont en réparation. Et avec le déconfinement les personnels de l’Enseignement public ne sont pas à l’abri de nouvelles mesures contre les statuts.

Il faut bien sûr exiger l’abrogation de toutes les ordonnances contre les droits des salariés. Mais on ne peut ignorer que ces mesures sont permises par la loi dite "d’urgence sanitaire". Cette "loi d’urgence" autorise le gouvernement à procéder par ordonnances, à prendre des mesures "d’exception" ; elle permet de graves atteintes aux libertés fondamentales. La FSU doit en exiger l’abrogation.

Construire le jour d’après ?

Intervention d’Émancipation (Hélène Bertrand)

La crise économique touche tous les pays. On est loin d’en mesure aujourd’hui tous les effets. Mais on doit clairement indiquer qu’il s’agit le la crise du capitalisme, d’un système fondé sur l’exploitation du travail salarié et la recherche du profit.

Les propositions qui sont faites (remettre le crédit à l’honneur, sortir des traités européens, relance des investissements…) amènent à poser une question : le capitalisme est-il aménageable ? La FSU doit-elle fixer l’objectif d’un capitalisme durable ? Ne faut-il pas renouer avec les fondements du mouvement ouvrier et ses objectifs : l’organisation de la production en fonction des besoins de la population sous le contrôle des travailleurs ?

Dès aujourd’hui, l’urgence est de combattre contre les nouvelles attaques et notamment contre la mise à mort de la sécurité sociale. Ce n’est pas aux salariés de payer la crise du capitalisme : paiement à 100% des cotisations sociales, et des salaires.

Dans les hôpitaux, ce sont les soignants qui ont réorganisé les services afin de faire face à la crise. Aujourd’hui, il appartient à la FSU, dans l’unité avec les autres fédérations, avec les organisations des soignants (collectifs et syndicats), de définir les conditions dans lesquelles peuvent s’opérer la reprise du travail et le retour à l’école en toute sécurité.

À l’inverse, la FSU se doit de ne "co-organiser" d’aucune manière le déconfinement décidé par Macron et le Medef. Plus que jamais, la situation impose de combattre la politique de Macron sur tous ses aspects.