Pour une FSU indépendante de l’État : pour l’unité sur les revendications des personnels, rompre le « dialogue social », favoriser l’auto-organisation des luttes

Pour préserver ses profits le patronat entend poursuivre jusqu’au bout la destruction de tous les acquis collectifs arrachés par les luttes antérieures et inscrits dans le Code du Travail, dans le statut des fonctionnaires (ou dans celui des salariés d’établissements publics : RATP, SNCF…). Vecteurs de la solidarité de classe entre les salariés face au patronat, à l’employeur ces acquis contribuent à créer un rapport de force permettant de limiter l’exploitation du travail salarié. Pour le patronat, tout cela doit disparaitre afin de restaurer une concurrence exacerbée entre les salariés favorisant une réduction drastique du « coût du travail ».

À cette solidarité de classe, le patronat oppose le concept de l’individu « acteur de sa vie, de son éducation, ou de son parcours professionnel » et la « stratégie compétences » mise en avant par le Medef en 1998. « L’individualisation » contre les droits collectifs est devenue le fil conducteur du patronat et du gouvernement, dans les entreprises, et maintenant dans la Fonction publique et dans l’Enseignement public. Rappelons que les six « chantiers » du programme de Macron ont pour but « de construire une société de mobilité plutôt que de statuts ».

Combattre cette offensive, en défense des acquis arrachés de haute lutte implique d’assurer l’indépendance du syndicat vis-à-vis de l’État et de toutes les structures
Sortir de l’enlisement dans le “dialogue social” : défendre les revendications
Le dialogue social est foncièrement différent de la négociation collective qui part des revendications élaborées avec les travailleurs, s’appuie sur la construction d’un rapport de forces pour déboucher éventuellement sur la signature d’un accord. Pour le patronat il est maintenant « l’alpha et l’oméga de la vente de la force de travail ».

Or, il s’agit, d’un dispositif biaisé dans lequel l’employeur définit par avance des bornes, le contenu, les modalités de discussions, délimitant et formatant par avance la conclusion.

Depuis les accords de Bercy signés par la FSU et transposés dans la loi de 2010, quels sont les résultats des centaines d’heures passées en concertations et dans les multiples comités techniques, simples chambres d’enregistrements des décisions gouvernementales ? Le droit syndical est en recul, la place occupée par la CFDT est renforcée. Les gouvernements se sont en permanence appuyés sur des mois/années de "dialogue social" pour faire passer l’essentiel des contre-réformes (réforme de l’État, fusion de corps, entretien professionnel, prime au mérite mobilité géographique et professionnelle, développement du management…) et les acquis statutaires sont allés de recul en recul. Dans un contexte de concurrence exacerbée de l’économie capitaliste, que reste-t-il à négocier si ce n’est des mesures jugées par l’employeur indispensables à la compétitivité de l’entreprise. Ce qui revient à faire passer des reculs pour des avancées. Ce « jeu de dupes » s’avère une véritable machine de guerre contre le syndicat et les mobilisations.

Commissions paritaires

En 2008, pour s’assurer de la signature des accords de Bercy, le gouvernement avait mis « provisoirement » (selon ses propres termes) de côté la liquidation des commissions paritaires. Appuyé sur 10 ans de « dialogue social renforcé », de reculs des acquis, de désarmement des mobilisations, Macron décide de finir le travail et de vider les CAP de leur contenu. Si le statut des fonctionnaires arraché en 1946 est un acquis (comme la sécurité sociale), il ne peut y avoir de respect religieux vis-à-vis de la gestion paritaire instituée par la loi de 1946. Cela dit, aujourd’hui, destruction des acquis statutaires et des CAP vont de pair. Et le dialogue social constitue un piège qui conduit à la liquidation de ce compromis que constituait le paritarisme. (Le passage de la représentativité syndicale appuyée sur les élections paritaires à celle des comités techniques prend aujourd’hui toute sa dimension). La défense des acquis statutaires impose de rompre avec le dialogue social.

Pour un syndicalisme de classe

C’est pourquoi, le congrès du la FSU-69 se prononce pour la rupture des “concertations” avec le gouvernement et avec toutes les instances de “concertations” mises en place par les lois antisyndicales de 2008-2010. Il exige l’abrogation de ces lois, la levée immédiate de toutes les sanctions portées à l’encontre des personnels mobilisés contre les attaques gouvernementales.

Parce que les intérêts des personnels sont contradictoires à ceux du patronat et de tout gouvernement à son service, plutôt qu’une intersyndicale se soumettant aux règles de la “concertation” sur les projets du gouvernement, la FSU doit mettre en avant les revendications des personnels. La défense des statuts, en est le cœur, d’où l’exigence d’abroger toutes les mesures qui les ont mis en cause. La FSU œuvre à la réalisation de l’unité sur ces bases pour un combat affrontant le gouvernement.

La FSU doit favoriser la tenue d’AG du personnel avec les syndicats, la coordination et la centralisation de ces structures à l’échelle locale, voire nationale. En veillant notamment à la représentativité et à la démocratie de ces organes (intégrant les représentants syndicaux) favorisant l’auto organisation des luttes pour arracher les revendications. La FSU œuvre aussi à la réalisation des conditions pour une véritable réunification syndicale. Et elle rappelle les bases historiques du syndicalisme dans le mouvement ouvrier : "Le but final du syndicat est l’émancipation complète des travailleurs, cette émancipation ne pouvant être obtenue que par l’expropriation capitaliste".