Pour les revendications : centraliser la mobilisation contre le pouvoir

Le Conseil délibératif fédéral départemental (CDFD) de la FSU 69 s’est tenu le 16 mai à la Bourse du Travail de Lyon.

La discussion a essentiellement porté sur la mobilisation contre la loi Macron sur les retraites, sur les nouvelles attaques et les mobilisations en cours.

Intervention Émancipation

Les 12 journées de mobilisations qui se sont succédées depuis le 19 janvier, puis celle historique du 1er mai (2,5 millions de manifestants selon la CGT), alors que la loi sur les retraites avait été publiée au journal officiel, attestent d’une importante volonté de combat des travailleurs et de la jeunesse.

De l’exigence du retrait du projet Macron à celle de "Macron dégage"

Dans ces manifestations pour le retrait du projet de loi Macron sur les retraites, c’est Macron lui-même et son régime qui sont aujourd’hui ouvertement mis en cause. Macron utilise successivement toutes les ficelles d’une constitution à la main du Président-bonaparte. [1]

Après l’utilisation du 49 ter le 16 mars, le caractère foncièrement antidémocratique de la Ve République est très largement perçu.
C’est ce qui s’affirme sur les pancartes, avec un florilège de chants, d’images qui surgissent au fil des manifestations et dans toutes les villes. Une exigence claire s’est alors affirmée. En finir avec Macron et sa politique ("Macron dégage"). Maceron, la chienlit c'est lui

La mobilisation massive du 19 janvier (plus de 2 millions selon la CGT), a imposé la revendication du "retrait" du projet de réforme Macron. Et l’unité syndicale sur cette revendication claire du "retrait" a été un puissant facteur de mobilisation.

Pour autant, la stratégie des journées d’action saute-mouton n’a pas permis le "blocage du pays" annoncé par l’intersyndicale le 7 mars. L’appel à la "reconductible" n’a pas conduit à la généralisation de la grève. Seule, la grève générale (avec le contrôle de la lutte et sa centralisation intégrant les OS) peut permettre le "blocage du pays".

Au CDFD, à la CA académique, (et au CDFN), nous avons demandé à ce que la FSU propose d’appeler à la manifestation centrale à Paris [2], afin de centraliser contre le pouvoir les exigences qui s’expriment dans les manifestations. Notre direction syndicale a refusé cette proposition.

Et alors que Macron est discrédité, décrié, vilipendé dans la rue, l’intersyndicale a refusé toute centralisation, tout appel à mettre ouvertement en cause le pouvoir.
Macron a ainsi eu les moyens de faire valider sa loi.

Reprendre le dialogue social, c’est rétablir Macron

Aujourd’hui, la loi sur les retraites est publiée. Mais Macron est en difficulté.
Il est totalement délégitimé dans la rue.

À cela s’ajoute la dégradation de la note financière de la France par l’agence de notation Fitch, qui considère que les tensions sociales autour de la réforme des retraites comme un "risque pour le programme des réformes" en cours.

Et les positions de l’impérialisme français sont mises en cause, comme à Mayotte, en Polynésie française avec la victoire des indépendantistes à Tahiti, en Nouvelle Calédonie…

Alors que Macron déclare qu’il se donne "cent jours d’apaisement", que signifient les annonces des communiqués de l’intersyndicale et de la direction de notre fédération qui soutiennent la participation aux concertations avec Borne (après avoir interrompu toute concertation pendant 15 jours avant le 1er mai) ; et qui tentent de convaincre, après l’épisode du RIP que le projet de loi LIOT permettrait d’annuler la réforme Macron des retraites ?

Cela manifeste, de fait, le refus de répondre à ce qui s’exprime avec force dans la rue : "Macron 6 ans, ça suffit". Car, après le 1er mai, rien ne peut justifier la reprise du dialogue social sur quelque sujet que ce soit.

Retourner voir Borne, c’est re-légitimer Macron et son gouvernement

La direction de la FSU n’est pas conviée aux réunions bilatérales avec E. Borne. Mais elle approuve la participation des confédérations à ces bilatérales. Elle explique que le communiqué inter-pro publié la veille de ces réunions [3] ne signifie pas qu’il s’agit d’un "quelconque « passage à autre chose » que les retraites", bien qu’il ouvre "sur les questions de salaires et autres (dégressivité des allocations chômage, etc.)".

Cela n’annule en rien le fait que retourner voir Borne relégitime le "roi soleil", comme le qualifiait L’Humanité rapportant l’expression d’une manifestante à Lons-le-Saunier, et son gouvernement.

Et que signifie la campagne qui nous est proposée d’aller démarcher les députés pour qu’ils votent la loi LIOT ?
Elle tente non seulement de faire croire, après l’épisode du RIP, que cette loi va pouvoir annuler la loi Macron. (Qui ne connait les mille et un articles de la constitution qui permettent au prince de gouverner, en toute indépendance "au-dessus des partis" [4] ? (cf. l’art 40 qui prévoit que tout amendement ou proposition de loi qui dégrade les comptes publics est jugée irrecevable).

Et cette proposition de loi LIOT vise surtout à relégitimer l’Assemblée, à replâtrer le régime totalement antidémocratique de la Ve République.

Tout cela aide Macron à utiliser tranquillement ses "100 jours pour relancer son quinquennat ", à mettre en place, par exemple, le "pacte de la vie au travail " qu’il a annoncé le 17 avril. Avec notamment un nouveau projet de loi présenté dès juin, et la création de France Travail.

Aussitôt, Bruno Le Maire annonce la volonté du gouvernement de "faire passer des réformes structurantes pour le pays".

Et le 4 mai, Macron a mis sur la table la réforme/destruction des lycées professionnels (LP). Elle constitue, avec les autres mesures qui l’accompagnent (réforme du collège, pacte enseignant, marche à la destruction du point d’indice, le développement de la contractualisation [5] …), une nouvelle phase dans le processus de refondation/destruction de l’Enseignement public que Macron a tenté de relooker en "école du futur". Elles conduisent vers la destruction du statut de fonctionnaire des personnels.

Il y a donc urgence : si on ne veut pas que l’affaiblissement de la macronnie profite au RN, c’est de boycotter l’agenda social de Borne/Macon dont le seul objectif est de se donner les moyens de poursuivre la mise en œuvre des contre-réformes Macron.

Tel est le sens de la motion Émancipation.

Motion : Rien ne peut justifier la reprise du dialogue social