Intervention Émancipation au congrès académique du SNES de Lyon
Notre congrès se tient après « cinq années de mandature Macron ».
Il y a cinq ans, nous avions déjà, face à face, Emmanuel Macron et Marine Le Pen et nombre d’organisations, dont le SNES, avaient appelé à faire barrage à l’extrême droite, à Le Pen : nombre d’enseignants, de syndiqués sont aller voter Macron.
Aujourd’hui, ils peuvent dire : « On ne savait pas ce que serait la politique de Macron ». Mais aujourd’hui, on ne peut pas dire « On ne sait pas ».
Durant cinq ans, Macron a usé des outils de la Ve République pour gouverner en Président-Bonaparte : recours systématique aux ordonnances, mise en place d’un véritable état d’exception sous couvert d’urgence sanitaire, d’un « conseil de défense » à la main du Président, multiplicité des mesures restreignant les libertés démocratiques… Et il annonce vouloir accélérer les réformes anti-sociales pour appliquer le programme élaboré par le Medef (allongement de l’âge de départ à la retraite, soumission de l’Enseignement public au patronat, marche à la privatisation…).
On a aujourd’hui face à face deux candidats de la bourgeoisie à l’élection présidentielle.
Marine Le Pen, on connaît son programme et personne n’en veut.
Emmanuel Macron, on connaît aussi son programme. Et personne n’en veut.
Mais aujourd’hui, on ne peut ignorer les enseignements de 2017 et des 5 ans de mandat Macron qui ont fait le lit de l’extrême droite. C’est pourquoi, comme l’indique une militante U&A du SNES, « La lutte oui, le bulletin de vote Macron, non ». On ne peut voter pour aucun de ces deux candidats.
Le programme de Macron, c’est la réforme des retraites dès cet été : l’allongement de l’âge de départ, la casse du code des pensions (élément constitutif du statut), avec un nouveau « pacte » dans l’objectif de faire exploser le statut national.
Le programme de Macron, c’est la liquidation de tous les fondements de la sécurité sociale (le financement par les cotisations sociales, une fraction du salaire), la poursuite de la destruction de l’hôpital public. Et l’inflation menace de réduire à peau de chagrin le pouvoir d’achat des travailleurs.
Le programme de Macron, c’est la refondation de l’école : une réforme du collège qui doit permettre d’alimenter l’apprentissage au niveau CAP et Bac pro (selon les exigences de l’UIMM), la liquidation des LP, la déscolarisation de nombre de jeunes ; c’est la professionnalisation de toutes les filières du Supérieur : BTS, BUT, filières « d’excellences » doivent se soumettre aux exigences du « marché », avec des universités responsables de leurs ressources, garantissant « l’orientation des jeunes vers l’emploi ». C’est la liquidation des diplômes au profit du tout compétences...
Le programme de Macron, c’est « plusieurs systèmes de rémunération des enseignants », le salaire au mérite, la liquidation des concours, le recrutement sous la coupe des chefs d’établissements. Et le « nouveau pacte » annoncé conduit à la dislocation des garanties statutaires essentielles, la mise en concurrence entre les personnels, vers la privatisation…
Le programme de Macron, celui de Le Pen, c’est le programme du patronat.
Alors, la lutte oui, mais dans quelles conditions ?
On ne peut oublier les enseignements de 2017-2022.
En 2017, Macron avait annoncé, les axes généraux de son programme : l’individualisation des parcours, les diplômes et les qualifications en miettes le renforcement de l’autonomie, de la contractualisation, des pouvoirs chefs établissements… pour aller vers une société sans statuts.
La direction du syndicat fait le bilan du quinquennat. Mais le congrès doit aussi faire le bilan de l’activité syndicale.
Macron avait annoncé la méthode : fermeté et dialogue. “Toujours j’écouterai, je respecterai, mais toujours à la fin, je ferai”. Cela a commencé par 15 jours de consultations à l’Élysée puis à Matignon, pas moins de 48 réunions de concertations jusqu’à la mi-juillet 2017 ; Blanquer avait convoqué les directions syndicales pour "discuter" des premières mesures dès le 8 juin 2017 au CSE. Et durant 5 ans, il y a eu des mobilisations, et en même temps, ce sont enchaînées des centaines d’heures de « dialogue social » et « concertations ». Durant cinq ans, le dialogue social a été permanent. Et les mobilisations ont ainsi été entravées.
Le résultat, on le connaît.
Aujourd’hui, Macron veut « une large concertation pour discuter de la meilleure manière d’atteindre des objectifs qu’on va fixer ». Au collège, au lycée, il veut associer les parents, les collectivités locales, les directeurs d’établissement et même le péri-scolaire, au collège, au lycée pour avancer vers la dislocation de tout cadre national et des garanties statutaires.
Le secrétaire de la FSU nous annonce un 3e tour social. « L’agenda présidentiel, nous dit-il, va nécessiter une mobilisation rapide. La réforme des retraites c’est cet été. Le nouveau pacte pour les enseignants c’est pour la rentrée 2023. Donc c’est dès maintenant que les discussions doivent commencer ».
Mais, on ne peut recommencer, comme en 2017.
La responsabilité de notre congrès est immense. Il s’agit d’expliquer et de dénoncer dès maintenant tous ces projets, d’en exiger le retrait pur et simple, à commencer par le « nouveau pacte » et « la réforme des retraites », de refuser d’y apporter une quelconque caution.
Préparer le combat, c’est commencer par annoncer que ces projets ne sont ni négociables, ni amendables. C’est dire que le syndicat ne participera d’aucune manière aux concertations annoncées par Macron, qu’il appelle et en organisera la boycott.
Cela implique aussi de rompre immédiatement avec les concertations en cours qui toutes sont axées sur ces objectifs.
C’est ainsi, en œuvrant à la constitution d’un front de classe unitaire sur cette orientation, celle de la défense des acquis des personnels, du droit aux études gratuites, débouchant sur des diplômes à valeur nationale pour toute la jeunesse... que l’on peut redonner confiance pour combattre l’extrême droite de Marine Le Pen et la droite libérale d’Emmanuel Macron.
C’est ainsi que l’on peut, dès aujourd’hui, commencer à crées les conditions pour organiser collectivement et dans l’unité la résistance et interdire la mise en œuvre des dégradations annoncées.