Intervention au CDFN de la FSU 24 et 25 novembre 2020 : Rupture du Grenelle de l’Éducation

Intervention de Marie Contaux (Émancipation) au CDFN de la FSU (24 et 25 novembre 2020)

Concernant l’éducation Nationale, aujourd’hui, l’actualité c’est le Grenelle de l’éducation qui n’est même pas nommé dans le texte action.

Le Grenelle est pour les enseignants, ce qu’est le Ségur pour les soignants. Il n’est pas là pour répondre aux revendications des personnels. Ni postes, ni moyens supplémentaires. Pas d’augmentation du point d’indice, pas de rattrapage des salaires. Alors le Grenelle, comme le Ségur, c’est la poursuite de la casse du Service Public, la poursuite des contre-réformes. C’est la casse des services publics les uns après les autres.

Le Grenelle, contrairement à ce qu’a dit Benoît Teste dans son introduction, est un instrument de destruction massive, et non pas un outil de communication. L’objectif du gouvernement est de mettre l’éducation nationale au service de l’économie. Car après le marché de la santé, la nouvelle marchandise c’est l’enseignement.

Toutes les mesures touchant l’EN s’imbriquent les unes avec les autres. Ainsi l’évaluation des établissement/écoles pour que les techniques d’apprentissage qui émergent soient évaluées et mises sur le marché de l’offre d’éducation. Les universitaires témoignent que la recherche sur l’enseignement numérique à le vent en poupe et bénéficie de subventions importantes.

Les groupes de travail, auxquels la FSU participe, qui constituent le Grenelle de l’éducation, dont le texte action ne souffle mot, ont des titres très explicites. Ils suffisent à eux-mêmes pour comprendre que la casse des statuts, donc des droits, est en cours. Ils invitent à des discussions sur les « cultures et techniques managériales », ou la « nouvelle gouvernance ».

Gageons qu’il sera question des directions d’école avec leurs nouvelles missions, leur quasi-statut, leurs primes, ou des DRH nouvellement nommés, chargés d’accompagner les personnels. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’il s’agit avant tout de contrôler les professeurs et d’en finir avec leur liberté pédagogique et leur statut de cadre.

Une fois les nouvelles gouvernances établies, l’autonomie des établissements est alors possible et donc la compétition généralisée.

Les objectifs du Grenelle sont clairement affirmés. Ils se complètent avec les contrats locaux d’établissement prévus dans la nouvelle expérimentation prévue l’an prochain qui sera réalisée dans 3 grandes régions, avant la suppression de l’éducation prioritaire en 2022.

Avec cette expérimentation, il s’agit, comme avec le Grenelle, mais d’une autre manière, de faire un grand pas dans l’autonomie avec les projets locaux en lien avec l’économie locale, partant, la dénationalisation, l’embauche locale, la rémunération au mérite, la définition locale des curricula.

Quant au numérique, omniprésent, il doit, à court terme, intégrer tous les enseignements, à commencer par l’université et le lycée.

Le colloque de « Quel professeur au XXIe siècle » qui fait partie du Grenelle, et qui invite des acteurs de nombreux pays démontre que l’objectif du gouvernement est de se positionner sur le marche international de l’enseignement.

La FSU doit clairement dénoncer les intentions du gouvernement de casse du service public au travers du Grenelle. Elle doit sortir des groupes de travail. C’est la première des conditions pour organiser la riposte.


Intervention au CDFN de la FSU (24 et 25 novembre 2020) : Retrait total des lois sécuritaires – Rupture du dialogue social