Un uniforme à l’école pour « gommer » les inégalités sociales ? Ou pour « uni-formater » la jeunesse ?

Ni SNU, ni stage, ni uniforme à l’école : la jeunesse a besoin d’école, pas d’instruments de dressage

En décembre, le tract du Collectif Lyon 69 Contre le SNU a commencé à être diffusé dans les lycées, par des enseignants et surtout par des lycéens devant certains établissements.

Le texte dénonce l’entreprise d’encasernement de le jeunesse avec l’introduction de « classes engagées » dans les lycées et un « stage de cohésion » de 12 jours de SNU pris sur le temps scolaire. (Séjour effectués en uniforme, largement encadrés par des militaires, rythmé par des rituels empruntés à l’armée : « levée des couleurs », chant de la Marseillaise, marche au pas ; certains encadrants introduisent le maniement des armes et initient aux techniques de combat...).

Le port de l’uniforme à l’école participe à « cette entreprise d’embrigadement » voulue par Macron et à laquelle se joint « le président L.R. de la région AURA (Laurent Wauquiez) [qui] se précipite et annonce l’uniforme (payé par la Région) dans 5 lycées. Pour débuter… ».

Polo et pull bleu marine logotisés du drapeau français

Le 21 décembre,Laurent Wauquiez a présenté l’uniforme qui sera expérimenté dans cinq établissements pilotes d’Auvergne-Rhône-Alpes : 3 polos et 2 pulls à manches longues bleus marine logotisé d’un drapeau français, de l’emblème de la région et de celui de l’établissement. Le tout coûtera 224 euros par élève et sera attribué gratuitement par la région AURA aux familles.https://www.auvergnerhonealpes.fr/a...

« Moi ce qui m’intéresse d’abord c’est que ça gomme les inégalités sociales, ça permet d’affirmer des tenues qui ne laissent plus de place à l’ambiguïté par rapport à la laïcité ou les règles de la République », déclare le président de la région AURA !

Et Olivier Toutain, président de la fédération des parents d’élèves enseignement public (Peep) de renchérir : « ça leur permettra également de gommer tout signe religieux extérieur ou tout élément de différenciation quel qu’il soit. Peu importe que la famille soit aisée ou non, tout le monde pourra être sur un même pied d’égalité ».

La laïcité selon Wauquiez, Attal et Macron.

L’initiative de Wauquiez a obtenu la bénédiction du ministre de Macron, G. Attal, qui, s’agissant de la laïcité, s’assied sur la loi de 1905 en décidant, entre autre, d’augmenter plus encore le financement des écoles privées (plus 6,70%% au budget de l’État en 2024, contre 4,6 % dans le premier degré public et 5,4 % dans le second degré public, dont environ 20 milliard d’euros attribués au SNU).

Rappelons encore qu’en 2017, L. Wauquiez avait décidé « d’augmenter le soutien à l’investissement dans les lycées privés pour atteindre 13 millions d’euros par an, soit une augmentation de plus de 60 % ». (l’enseignement privé représentent seulement 27,5 % de l’effectif des lycéens de la région). Et « une enveloppe de 50 millions d’euros » supplémentaires était accordée pour « la création ou l’extension de lycées privés dans des zones à forte tension démographique ». Ces crédits étant puisés dans l’enveloppe d’un « plan d’investissement » sur 3 ans attribués aux lycées publics. « C’est la première fois que des crédits d’investissements sont accordés aux lycées privés dans le cadre d’un plan concernant les lycées publics ! », dénonçait  La Libre pensée [1].

Masquer l’accroissement des inégalités sociales

Et au moment où le même ministre annonce un prétendu "Choc des savoirs" qui va organiser le tri des élèves et éjecter du système sociale nombre d’enfants issus principalement des milieux populaires pour les soumettre à l’apprentissage patronal, Wauquiez rêve de masquer les inégalités sociales sous un tee-shirt bleu-blanc-rougi.

Le budget de « l’expérimentation » coûtera 1 million d’euros - pour commencer - pour 3000 élèves (5 établissements). Cela alors que, contrairement aux assertions de Wauquiez, les lycées souffrent du sous-investissement de la Région, du non remplacement du personnel d’entretien (le recours de la région aux personnels contractuels, précaires est à l’origine de graves de graves dysfonctionnements). Et Wauquiez annonce la privatisation de l’entretien de plusieurs établissements, soit un démantèlement programmé du service public [2].

Le SNU et les uniformes dans les lycées répondent à la même logique : une pure opération de soumission et de dressage de la jeunesse avec des sommes colossales volées à l’Enseignement public.

Le gouvernement avance à marche forcée vers l’obligation du SNU…

Non à la militarisation de l’enseignement !

Non à l’embrigadement de la jeunesse !

Emancipation69, 29 décembre 2023

Notes

[2Il s’agit du lycée Germaine Tillion à Thiers, de l’EREA Alexandre Vialatte à Brioude, des lycées Rosa Parks à Neuville-sur-Saône, Lalande à Bourg en Bresse, Jean Puy à Roanne, Pablo Neruda à St Martin d’Hères, Montesquieu à Valence et Amédée Gordini à Annecy.