Suicide de Christine Renon : cela pourrait être n’importe qui d’entre nous !

Communiqué d’Émancipation tendance intersyndicale, le 27 / 09 /19

Christine a décidé après des dizaines d’années de bons et loyaux services de ne pas faire la démarche de trop : accuser un élève de trois ans d’un comportement répréhensible vis-à-vis d’un autre élève, alors qu’elle savait très bien qu’il n’avait rien fait.

Elle s’est donné la mort dans son école de Pantin samedi. Le choix du lieu ne peut-être plus clair. Elle a écrit une lettre pour ses collègues directrices-teurs d’école et pour l’inspecteur, ou elle décrit avec une précision qui fait frémir sa solitude de directrice devant toutes les tâches de sa charge, devant les exigences inutiles ou incohérentes de sa hiérarchie et de la mairie. Et là non plus elle peut difficilement être plus claire. Son geste est directement lié à son travail.

Elle nous décrit la descente aux enfers d’une professionnelle dont l’expérience, le sens des responsabilités, le respect de ses collègues et des personnels de l’école, des élèves et des parents, la certitude de faire de son mieux, ne suffisent plus à contrebalancer le sentiment d’être écrasée par la multitude des sollicitations et des décisions à prendre dans l’urgence, seule, sous le contrôle au mieux indifférent d’une hiérarchie dénuée de bienveillance et elle-même débordée.

Sa dernière phrase est pour l’institution, dont elle sait ne pas pouvoir compter sur le soutien, mais qu’elle remercie au moins, de ne pas salir son nom.

La lucidité implacable de ce courrier, laissait entrevoir les suites que les institutions ont apporté à ce cri : la cellule d’écoute de la DSDEN a accueilli lundi, dans une école en état de siège policier, seulement les enseignants, qu’elle a avant tout voulu persuader que le mieux était de reprendre le travail au plus vite. Mais les autres personnels de l’école n’ont pas été pris en charge. Quant-aux parents ils elles ont appris le drame dans le Parisien. Pendant ce temps les inspecteurs, plutôt que de convier les directrices-eurs de Pantin et de la circonscription à un hommage à leur collègue, n’avaient de cesse qu’ils les persuadent de ne pas diffuser son courrier. Le mardi, la DSDEN, comme le maire (qui l’a annoncé) décidaient de rouvrir l’école comme si de rien n’était, avec 5 enseignants en arrêt sur 10.

Le rassemblement imposant dans l’école de mardi soir, les décisions d’organiser une marche blanche le jour des obsèques, et de réclamer un CHSCT départemental avec grève ce jour là tranchent avec les piteuses réponses de l’Administration. Mais ce n’est pas suffisant :

  • il faut dénoncer les politiques d’austérité des moyens et outils indispensable pour les personnels, de surcharge des effectifs, de contre réformes entretenant des conditions de travail de moins en moins tolérables et un stress permanent (APC et évaluations imposées et sur-contrôlées, formation pendant les vacances, école du socle battue dans la rue, qui réapparait avec les cité éducatives…)
  • il ne faut pas attendre un hypothétique et tardif CHSCT pour rendre un hommage de toute la profession et des parents à Christine Renon, pour soutenir ses proches et les personnels de l’école, enseignant.es ou non, pour faire savoir à la hiérarchie que son attitude à été scandaleuse, avant comme après le geste de désespoir de Christine. Que ce soit par la grève, par la multiplication des communiqués, des textes de soutien, qui circulent déjà….
  • une réponse unitaire du 93 est importante, car les personnels de ce département pratiquent au quotidien, dans des conditions de plus en plus difficiles, l’entraide et la solidarité et ont une forte tradition de lutte. Mais il est également essentiel que les autres départements de l’académie de Créteil, toute l’IDF et plus largement, puisqu’un autre PE de Marseille a fait, pour des raisons similaires, une tentative de suicide, expriment leur solidarité.

Perdre pied face à l’intolérable « nouveau management », pourrait arriver à n’importe qui d’entre nous, soyons tout.es ensemble pour nous mobiliser et imposer des conditions décentes de travail et de vie afin que plus jamais les difficultés professionnelles orchestrées par Blanquer et /ou la casse de tout ce qui fait encore société organisée par le reste du gouvernement et Macron ne poussent au désespoir des personnels qui voulait simplement faire bien leur travail.

Contact : er@emancipation.fr

La lettre de Christine Renon (publiée par le SNUipp 31)

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