Intervention au CDFN de la FSU (24 et 25 novembre 2020) : Retrait total des lois sécuritaires – Rupture du dialogue social

Intervention d’Hélène Bertrand au CDFN de la FSU (24 et 25 novembre 2020)

Pour mettre en œuvre de son programme, aller vers une « société sans statut », Macron combine en permanence, répression et dialogue social tout azimut.

RETRAIT DES LOIS SÉCURITAIRES

Le gouvernement multiplie les lois sécuritaires ; il s’attaque aux libertés démocratiques, indispensables aux salariés pour s’organiser, pour se mobiliser, pour se défendre…

a- Macron prolonge l’état d’urgence sanitaire et les restrictions de libertés jusqu’au 21 février

Alors que dans le même temps, les suppressions de lits se poursuivent et de nouvelles mesures sont prises contre les hospitaliers (extension de la flexibilité, voire possibilités de licenciement…).

La question n’est donc pas de demander le contrôle de la loi d’urgence sanitaire, mais son abrogation et d’exiger notamment le recrutement massif de personnel, ce qui implique le déblocage du point d’indice, l’augmentation conséquente des salaires, l’arrêt des suppressions de lits et l’ouverture de tous les lits nécessaires.

b- Depuis des années les lois sécuritaires s’empilent au prétexte de protéger la population des attentats. Les derniers événements montrent une fois de plus ce qu’il en est de cette protection.

  • S’agissant de Samuel Paty, durant plus de 10 jours, ce collègue a vécu sous la menace d’une atteinte à son intégrité physique.

Les menaces étaient publiques, affichées sur les réseaux sociaux (y compris sur le répondeur du collège : cf. les informations au JT et l’article dans Le Monde).
L’art 11 du statut des fonctionnaires est très clair : en cas de mise en danger grave d’un agent dans la cadre de ses fonctions, la « protection fonctionnelle » permet de déplacer l’agent (le prof) dans un autre établissement, voire de le suspendre tout en maintenant son salaire afin de le mettre à l’abri.

La FSU 78 annonce qu’il y aura une enquête dans le cadre du CHSCT. Mais est-ce suffisant ?

L’assassinat de Samuel Paty est devenu une affaire nationale. Et notre fédération a parfaitement la possibilité de recenser des informations, et de poser publiquement des questions :

Qu’a fait l’institution ? Pourquoi n’a-t-elle pas proposé à Samuel Paty la procédure de « protection fonctionnelle » (qui est une mesure de protection statutaire) ?

Alors que ces menaces étaient connues, aucune mesure de protection n’a été prise par la hiérarchie, notamment par la rectrice de Versailles, par le ministre lui-même lesquels étaient informés. Or, leur responsabilité était de proposer et d’utiliser la protection fonctionnelle pour le mettre à l’abri. En aucun cas, l’hommage national ne peut dédouaner la rectrice, le ministre de leurs responsabilités.

Le rôle du syndicat, de la FSU, est de veiller à l’application des règles statutaires qui protègent les personnels.

Comment demander un renforcement de la protection fonctionnelle si on se tait aujourd’hui sur ce qui s’est passé, sur le fait qu’elle n’a pas été utilisée ?

Comment comprendre que la FSU ne dénonce pas ces manquements de la hiérarchie ? Qu’elle ne fasse pas sa propre enquête indépendante de l’administration ? Comment peut-on défendre les collègues attaqués dans l’exercice de leurs missions si la FSU ne dénonce pas ces manquements, n’exige pas que les responsabilités soient ouvertement ciblées voire sanctionnées ?

Car, le combat pour l’application des droits statutaires est l’une mission essentielle de la FSU.

(Aucune réponse n’a été apportée par la direction nationale).

  • S’agissant de la loi de sécurité globale : l’exigence de son retrait est affirmée dans le texte action. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Le communiqué FSU du 16 novembre ne le revendique pas ; et il proposait un renforcement de la « cohésion sociale ». Or, cette « cohésion sociale » érigée par Chirac en 2002 comme priorité absolue est totalement contradictoire à l’opposition entre les classes sociales dont les intérêts sont contradictoires (la masse des travailleurs et le patronat).

Cet appel à la cohésion sociale par la direction de notre fédération n’est pas sans conséquences.

RUPTURE DU DIALOGUE SOCIAL

Alors que Macron et son gouvernement sont massivement rejetés, qu’est-ce qui lui permet de multiplier les attaques contre les acquis fondamentaux ?

Depuis le début de l’épidémie, non seulement le dialogue social n’a pas lui été confiné, mais il est devenu incessant.

Et aujourd’hui, la dislocation de tout cadre national de l’Enseignement public, la dislocation du statut sont au cœur des objectifs que Macron et Blanquer ont fixé au Grenelle de l’éducation et à l’agenda social qui lui est lié.

Le doc ministériel est centré sur la contractualisation, l’autonomie pleine et entière des établissements.

Le Grenelle inclut une kyrielle de concertations avec les OS dans la cadre de l’agenda social.

Transformer le métier d’enseignant, s’attaquer au cœur même du statut : tel est l’objectif clairement annoncé.

Le Grenelle de l’éducation se situe aux antipodes des revendications des personnels (ni augmentation du point d’indice, ni plan massif de recrutement statutaire, aucune référence au statut).

Ce dialogue social permanent n’a qu’un objectif : désarmer la résistance des personnels (comme l’a fait le Ségur de la santé aujourd’hui dénoncé par les hospitaliers).

C’est pourquoi la responsabilité de notre fédération est de dénoncer clairement le Grenelle de l’éducation, de cesser immédiatement sa participation aux divers ateliers et à l’agenda social de Blanquer, de refuse de cautionner par sa présence l’opération du gouvernement, et d’engager dans une vaste campagne d’information.

Sur ces bases, il sera possible de mobiliser en unifiant les résistances, la colère des collègues sur un objectif clair : mettre en échec la nouvelle offensive de Blanquer et Macron.

(Dans le rapport introductif à la discussion, la direction de la FSU a annoncé qu’elle considérait que la Grenelle était une opération médiatique et de com’ et qu’elle voulait minorer ce qui pouvait se passer, ne ps lui donner trop d’importance...)

Intervention au CDFN de la FSU 24 et 25 novembre 2020 : Rupture du Grenelle de l’Éducation