Pourquoi la rentrée ne se fera pas à partir du 11 mai...

L’assemblée générale des enseignants du lycée Le Castel (Dijon), soutenue par les sections syndicales CGT Educ’action, FO, SNES-FSU, Sud Education, rassemblée virtuellement le 14 avril 2020

Savez-vous, Monsieur Blanquer, ce qu’est une école élémentaire, un collège, un lycée ? Oui bien sûr puisque vous êtes ministre de l’Éducation Nationale. Cela n’est donc pas à vous qu’il convient de rappeler que les petits enfants de maternelle se touchent, que les collégiens, même en demi-groupes, se soufflent dans le visage et que les lycéens se bousculent dans des couloirs même quand ils sont grands. De l’école au lycée, le savon est rare, les lavabos peu nombreux. Quant aux toilettes, elles sont rarement désinfectées toutes les trois heures. Sans parler des queues à la cantine que l’on peinera à réduire à moins de faire passer les élèves 10 par 10 jusqu’à l’heure du goûter. Les tests et les masques baptisés « grand public » par le président de la république n’existent pas sauf dans les discours officiels. L’OMS déclare le 11 avril par la bouche de Tedros Adhanon Ghebreyesus, son directeur général : « Lever les restrictions trop rapidement pourrait entraîner une résurgence mortelle. »

Dans ces conditions, les enseignants seront dans l’incapacité d’assurer la rentrée d’après confinement à partir du lundi 11 mai car les aménagements envisagés, petits groupes, organisation par demi-journées voire tri des élèves selon leur niveau, ne sont que des pis-aller pour pallier le déficit de matériel sanitaire. Les établissements scolaires n’ont pas vocation à devenir des garderies ouvertes pour permettre aux salariés des autres secteurs d’activités de reprendre le travail. Aucun professeur ne participera à la mise en danger des élèves et de leurs familles car c’est contraire à la raison. Si on ne peut plus aller au cinéma ou au restaurant jusqu’à cet été, comment envisager se retrouver enfermés dans une salle de classe plusieurs heures par jour sans courir et faire courir un réel danger aux élèves, aux professeurs ? Alors qu’en Asie et dans beaucoup de pays européens, la rentrée est retardée de façon significative, alors que la communauté scientifique incite à la plus extrême prudence, en France, on prévoit, d’ici à quatre semaines, une réouverture progressive des établissements scolaires, potentiels lieux de contamination.

Nous, personnels de l’éducation nationale mais aussi parents, sommes donc solidaires de tous ceux qui actuellement luttent contre la pandémie et nous refusons d’être les complices involontaires de sa recrudescence. Applaudir au balcon le 10 mai au soir et faire la rentrée les jours suivants, à 2000 dans un lycée ? Ne nous demandez pas l’impossible.

Ni les élèves, ni les enseignants, ni aucun salarié ne donnera sa vie pour gagner des points de PIB ! L’école transmet des connaissances, pas des virus. Pas de rentrée scolaire prématurée pour de mauvaises raisons !

L’assemblée générale des enseignants du lycée Le Castel,
soutenue par les sections syndicales CGT Educ’action, FO, SNES-FSU, Sud Education,
rassemblée virtuellement le 14 avril 2020