Dialoguer ou combattre : il faut choisir
Le congrès de la FSU 69 s’est tenu mardi 5 et mercredi 6 à la Bourse du travail de Lyon
Ci-dessous, l’intervention générale Émancipation au congrès départemental FSU 69
La période qui s’est écoulée depuis le précédent congrès recouvre pour l’essentiel la période ouverte par l’élection de Macron.
Pour les salariés, cela signifie la poursuite à l’aggravation spectaculaire des attaques subies durant le gouvernement Hollande.
En particulier, les ordonnances sur le Code du travail qui vont encore au-delà des mesures El Khomri, lois sur la Fonction publique, mesures et lois Blanquer-Vidal contre l’Enseignement public et l’Université, offensive contre les bases même du système de sécurité sociale : augmentation CSG, exonérations de cotisations sociales, etc.
Ce n’est pas faute de mobilisation : durant l’année écoulée, outre le mouvement des Gilets Jaunes, il y a eu d’importante mobilisation dans l’enseignement public et contre la réforme du statut des cheminots…
Mais toutes ces mobilisations se sont terminées par des échecs.
Or nous allons devoir faire face à de nouvelles attaques d’ampleur, des attaques qui détruiront les fondements de la Sécurité sociale.
La retraite à points est un système qui disloque le salaire mutualisé qui finance jusqu’à ce jour le système général des retraites, partie essentielle de la sécurité sociale, et le code des pensions pilier essentiel du statut des fonctionnaires.
Un système de retraites universel est un système qui brise toute solidarité de classe parce qu’il mêle dans un pot commun salariés travailleurs indépendant et petits patrons.
Macron l’a indiqué lui-même : il veut « construire une société de mobilité plutôt que de statuts » , c’est-à-dire une société fondée sur la destruction des droits arrachés par des dizaines (voire plus d’une centaine) d’années de luttes des salariés. Son modèle, c’est le travailleur autoentrepreneur, la société ubérisée décrite par Ken Loach dans son dernier film.
Nous devons tout faire pour mettre en échec cette offensive annoncée. Et cela implique de tirer le bilan des échecs passés.
La première cause sur laquelle nous n’avons comme syndicaliste pas beaucoup de prise, c’est la déliquescence de tous les partis « de gauche » et leur incapacité à formuler une alternative gouvernementale même vaguement réformiste, ce qui facilite l’offensive de Macron.
Mais il y a une deuxième cause, c’est la politique des confédérations et fédérations syndicales, dont la nôtre, laquelle est en particulier marquée par deux aspects négatifs :
- Le refus trop souvent de formuler clairement les revendications. D’ailleurs le rapport lui même dans son thème IV le fait remarquer : « la FSU doit améliorer la visibilité de ses revendications ».
- Et son amour du « dialogue social » auquel le rapport consacre des pages entières qui visent à faire croire qu’il pourrait y avoir un bon dialogue social alors que le dialogue social, c’est le contraire de la négociation sur les revendications des salariés, appuyée sur la construction d’un rapport de force. Le dialogue social, c’est accepter de discuter des projets gouvernementaux au lieu de discuter des revendications de salariés. Et c’est ce que font, jour après jour les directions syndicales.
Par exemple, avec Delevoye : après des mois de concertations sur le projet de réforme du gouvernement, ils en remettent aujourd’hui une louche.
Une telle politique ne peut qu’affaiblir le syndicalisme, et en premier lieu notre fédération, la FSU.
Il est d’ailleurs notable qu’à plusieurs reprises le rapport de la FSU pour le congrès fasse l’éloge de la CGT : « La CGT reste combattive (…) elle incarne une opposition résolue aux réformes libérales » tout en expliquant dans la même phrase que la CGT « reste affaiblie par de vifs débats internes ». Or chacun sait que ces débats, les critiques faites à l’intérieur de la CGT portent justement sur son refus de définir clairement des mots d’ordre et de rompre le dialogue social.
Si on veut se réclamer de la CGT on doit davantage prendre en considération à ce moment là le récent document de la fédé CGT chimie qui oppose à l’orientation nationale de la CGT la nécessité de rompre avec le dialogue social : « Le gouvernement propose des “concertations” pour aménager à la marge les détails de sa réforme ».
On ne pourra pas nier dans les heures qui viennent que ce sont ces mêmes débats qui traversent la FSU.
Ce qui est aujourd’hui à l’ordre du jour pour stopper Macron, c’est de lui infliger une défaite politique en commençant par mettre en avant la revendication qui peut unifier toutes les corporations : « retrait pur et simple de tout projet de retraites à points ».
Un tel projet n’est ni négociable ni amendable.
Il est donc plus qu’urgent de rompre immédiate de toutes les concertations.
Et d’organiser, sur cette orientation, la mobilisation dans l’unité.
Lyon, le 3 nov 2019