CA académique du SNES de Lyon - "Ecole du futur", réforme des retraites : retrait des projets Macron
La CA académique du SNES de Lyon s’est tenue le 11 juin, au lendemain du premier tour des élections législatives. Ci-dessous la synthèse des interventions Émancipation et les motions présentées.
Projets Macron contre l’école
Macron entend engager très vite la nouvelle offensive contre l’enseignement public, contre les personnels, inclue dans le programme de son deuxième mandat. [1]
Si les résultats du premier tour des élections législatives (recul des voix pour la coalition de Macron, résultats de la NUPES) renforcent la volonté d’appeler à voter contre le F.N, Ensemble, les LR au deuxième tour et d’interdire à Macron de disposer d’une majorité absolue de députés à l’Assemblé, il n’empêche que Macron cherchera par tous les moyens à engager très vite la nouvelle offensive qu’il a clairement annoncée.
Le soir même de la nomination du ministre Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, les propos de notre secrétaire générale laissaient entendre que ce nouveau ministre annonçait une « rupture » avec Blanquer ; pas sûr pourtant que nos collègues aient eu beaucoup d’illusions.
C’est pourquoi, le texte « Action » proposé par la direction U&A ne peut se contenter ni de faire la liste (et elle est effectivement fort longue) des dégradations auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés, ni d’annoncer seulement qu’elle « se fera le relai des actions d’établissements concernant leurs moyens et conditions de travail » en portant « leurs demandes lors des CTSD d’ajustement ».
Car les conditions catastrophiques dans lesquelles se prépare la rentrée (expérimentation des Contrats locaux d’accompagnement, pénurie de professeurs, d’AED, dégradation des conditions de travail…) sont non seulement induites par l’application des lois du premier mandat Macron, mais également par le plan « Marseille en grand » et le « nouveau pacte » pour les enseignants. Des mesures annoncées par Macron à de multiples reprises et réaffirmées dernièrement à Marseille le 2 juin.
Or, si dans les publications du syndicat, ces nouveaux plans sont évoqués (à peine), aucune campagne d’ampleur n’est aujourd’hui mentionnée, organisée.
Même en difficulté, Macron ne renoncera pas. Si on jette un œil sur le rapport Thélot de 2003, une commande de Sarkozy, on doit constater que Macron y a puisé son « école de la confiance » et nombre d’axes du programme de son deuxième mandat, à commencer par l’explosion des garanties statutaires incluses dans son « nouveau pacte » pour les enseignants. Chacun sait qu’Édouard Philippe, les LR veulent aller jusqu’au bout des objectifs fixés par Macron. [2]
Macron va devoir plus encore s’appuyer sur le dialogue social (c’est le sens de sa « nouvelle méthode »). Or, Gérard Aschiéri qui était responsable de la FSU en 2003, écrit dans un tweet à propos de ce dialogue social : « Si mes souvenirs sont bons, on a déjà connu ça. Par exemple la commission Thélot : ça avait donné un gros bouquin et une loi qui n’avait pas grand-chose à voir avec le contenu de ce qui s’était dit dans le débat ».
Il faut donc prendre en compte les annonces du ministre Ndiaye, le 10 juin à Poitiers, selon lequel il y aura, non pas « un » mais « des » « grands débats sur l’école » : « Non pas de faire un Grenelle de l’éducation, une grand-messe à Paris, mais plutôt au plus près des demandes locales et du terrain, pour imaginer des dispositifs dans l’alliance entre le scolaire et le périscolaire. ». Traçant les grandes lignes de son mandat, le ministre a précisé : « Ce sera l’occasion, dans chaque école de France, de proposer et d’imaginer ce qui peut être fait à l’échelle des établissements, afin que ces liens parfois distendus puissent être renoués. J’y serai très attentif, je serai d’ailleurs moi-même un ministre de terrain. ».
Rappelons aussi qu’en 2004-2005, si la mobilisation des enseignants avait fait reculer Fillon sur tel ou tel point, au final, sa loi a été votée.
Et aujourd’hui, avec des « grands débats » au local, voire établissement par établissement, il s’agit de « repenser la métier » (et les contenus) selon les situations locales, de renforcer les liens avec les « acteurs locaux ». L’objectif est de casser les résistances en divisant les collègues, selon les établissements, voire même à l’intérieur des écoles, afin de rendre bien plus difficile une mobilisation centralisée contre le gouvernement de Macron et son « plan d’école du futur ».
Il y a donc urgence que notre syndicat, à l’échelle académique et à l’échelle nationale annonce clairement qu’il exige le retrait des projets de Macron, qu’il ne participera à aucune des concertations sur ces projets, qu’il appelle au boycott des « grands débat ». Sur ces bases, il y a urgence à engager une vaste campagne d’information et de mobilisation.
Motion Émancipation 1 : Retrait du projets Macron contre l’école : aucune concertation
E. Macron a confirmé le 2 juin à Marseille une nouvelle et importante offensive contre l’école, que le ministre P. Ndiaye est chargé de mettre en application.
Le gouvernement programme d’avancer vers une autonomie accrue sur le modèle de l’expérimentation de Marseille (« Marseille en grand »), dont la généralisation est annoncée. Avec notamment pour objectifs la définition par chaque école ou établissement d’un projet en lien avec les élus locaux, les parents et les associations, et la possibilité pour les directeurs et chefs d’établissements de participer au recrutement des enseignant.
E. Macron indique ainsi : « on veut rebâtir le projet pédagogique au niveau d’un établissement et donner la possibilité de s’assurer que l’enseignant recruté partage ce projet ». Et ses annonces de « révolution complète du Lycée professionnel » et de « transformations inédites du collège » vont de pair : pour alimenter l’apprentissage, soumettre une masse de jeunes aux exigence patronales, c’est un processus de déscolarisation de nombre de jeunes qui se profile.
En parallèle, un « nouveau pacte » avec les enseignants est annoncé pour la rentrée 2023, qui se concrétiserait notamment par l’ajout de nouvelles missions et obligations (remplacements, formations en dehors du temps de service, un suivi « poussé » des élèves, des relations étroites avec le périscolaire …), ce qui signifierait la modification des obligations de services des enseignants et un temps de travail alourdi.
Sur ces objectifs, le ministre P. Ndiaye annonce vouloir lancer « les grands débats sur l’école » et indique que « ce sera l’occasion, dans chaque école de France, de proposer et d’imaginer ce qui peut être fait à l’échelle des établissements, afin que ces liens parfois distendus puissent être renoués ».
La CAA du SNES de Lyon estime que de telles mesures modifieraient substantiellement le fonctionnement de l’école, et feraient exploser toutes les garanties encore existantes pour les personnels et les élèves. Un tel système impliquerait une déclinaison locale du statut et pousserait à un enseignement différencié en fonction du contexte local. De telles mesures ne pourraient aboutir qu’à la remise en cause du cadre national de l’école et du statut des enseignants.
C’est pourquoi, la CAA du SNES de Lyon considère que les projets de Macron sur l’Enseignement ne sont ni amendables ni négociables, qu’ils doivent être rejetés en bloc.
Elle estime que la responsabilité du SNES et de la FSU est de se prononcer pour le retrait des projets Macron sur l’école, du « nouveau pacte » pour les enseignants et de l’expérimentation de Marseille, de refuser toute concertation visant à mettre en place de tels projets et d’appeler les personnels au boycott des « grands débats sur l’école ». Sur ces bases, il sera possible de lancer une vaste campagne d’information auprès des personnels, ouvrant la voie à la mobilisation unie pour obtenir le retrait des projets Macron et pour la satisfaction des multiples revendications (salaires, postes, abrogation des contre-réformes, un statut pour les AESH …).
Retrait du projet Macron de réforme des retraites : ni négociable ni amendable
Macron n’a pas renoncé à son plan de casse des retraites. Dans la Fonction publique d’État, le Code des pensions est ouvertement menacé. Le 3 juin, Macron a annoncé que "la réforme entrera en vigueur dès l’été 2023". Et que les discussions « devraient commencer à la suite du Conseil national de refondation, qui débutera au lendemain des prochaines élections législatives des 12 et 18 juin 2022. »
La casse du Code des pensions (comme celle des retraites par répartition) n’est ni négociable, ni amendable. Il faut en exiger le retrait pur et simple. C’est le sens de notre motion.
Motion Émancipation 2 :
Une nouvelle réforme des retraites est à l’ordre du jour du gouvernement Macron. Il s’agit de repousser l’âge légal de départ en retraite à 65 ans, ce qui ne peut qu’allonger de nouveau la durée de cotisation et provoquer une nouvelle baisse des pensions.
D’autre part, de nouvelles menaces se font jour contre le code des pensions ou les régimes spéciaux.
La CAA du SNES de Lyon se prononce pour le maintien des acquis subsistants en matière de retraite. Face à la menace, elle se prononce pour le retrait du projet Macron de réforme des retraites.
Elle demande à la direction nationale du SNES et de la FSU de se prononcer en ce sens et de refuser de participer aux concertations visant à la mettre en œuvre.
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— >> La direction académique a appelé à voter contre ces propositions.
Émancipation est aussi intervenue pour informer de l’initiative Tribune « Mineur·es en danger à la rue, il est urgent de les protéger ! »
et pour appeler à participer aux 4 heures de solidarité avec la résistance et le peuple ukrainien
Affiche sur le site Émancipation : https://www.emancipation69.fr/IMG/p...